poésie




1er juin 2005


Le sens de mes dents claque tempête.

De larges pertes cernent mes gestes,

envasent l’eau de mes os.


Le sang de mes tempes bat tue-tête.

Des bouts de chien rongent dans mes mains,

agenouillent mon cou entre deux bêtes.


Les faux-phares jettent la parallaxe à mes fentes.

Les ponts tournants font siphon de moi.

Le dévastant fore l’avant-trou dans ma lumière.


J’attends résonne, debout sous les méninges.

Pris au feu rire d’une bande de clous,

surtout ne pas dévier jusqu’à dévivre.


Ne pas salir mon salut.



4 janvier 2005


Après de années-rivière mon flottage est aux premiers rapides.

Les clameurs de la chute cernent la parenthèse.

Ma gouverne a passé le dernier jeu de quille.

J’externe des mises à feu, du rendu rouge, de la bête affleurée.

Bombe est le masque de la stupeur.

Il n’y a pas temps de rager ni de se mettre en nage.

Déjà la brume signe le début du trou.

Tapi j’épie dans la vitesse.

Des scores s’abattent, des débits saillent.

Le courant me plaque le dos sur le ventre.

L’onde fait le vacarme et c’est la fin de l’horizon.


Je tombe debout.



16 janvier 2004


Si les lanceurs de pierre devaient m’atteindre au cou,

C’est par un cri de bête que je les frôlerais en retour.


Si les vastes terres devaient porter la masse de la crasse,

Je marcherais sur le haut des plaines, et sur les roches, à minuit.


Si les traces de la peine devaient rayer les pages du monde,

Je ferais que la mienne muscle la levée des bras lourds.


Si les enfants n’étaient pas les lucioles de ma vie,

Je n’aurais ni la langue ni le sang pour sortir dans la nuit.



14 juillet 2001



Il me remonte des goulots qui s'étranglent à déboucher fragiles sur un appel d'air emportant mon passé à travers les dents de son peigne encrassé.


Il me revient des bouffées, des réunions sans partage, où les corps se plombent les entrailles avec des silences mal dits, avec des cris noués aux chaises.


Il me retourne la peau dans un gâchis de fraicheur, il me rentre des coins pour soulever en force ce que j'aimais ténu, ce que je voulais à tout insu.


Aujourd'hui, c'est une bataille énorme avec une si petite issue. Un trou déjà tombé où revenir changer la parure qui s'y déchira un matin, une nuit, même un jour de soleil.


Aujourd'hui, c'est une poche où loge une bande de guèpes isolées, une poche pour mes doigts tâtonnant entre les piqures, à fouiller encore et encore des parcours d'usure.


Aujourd'hui, l'hier de maintenant, toujours amer, je supporte les couleurs vives et les idées novices.



22 juillet 2001


Une vaste informité noire s'allonge sur l'ombre d'un nuage.

C'est ma horde et le silence dans sa rumeur.

Sort une bête fondue, attirée par mes trous d'heure.

Je saute de gauche en arrière, hésite à pied dur, tremble un brin sec, enfourche enfin dans la terreur la furie qui me jettera à terre, qui me sabotera au sous-sol, et que je remonterai, selle trempée, col tendu jusqu'à la lie, glissant de luisance et jouissant de délice.









MICHEL BRAND06 35 95 52 46michel.brand.art@gmail.com